Eté 2006
L'été semble si chaud que l'air m'en brûle et m'incendie. On penserait que l'Enfer est monté jusqu'à nos pieds ! L'esprit libre, je marche la silhouette svelte et les jambes découvertes. Mes yeux ont soif de l'Ombre, c'est elle qui guide mes pas. Je fuis le Soleil tant ses caresses sont brûlantes et obscènes sur ma peau.
Un maraud à la démarche pesante attend que je le dépasse pour crier : "Tu as bien fait de mettre un short..!" Mais je vais, non sans m'enorgueillir de ma pâleur : l'astre calcinant ne m'aura pas stigmater comme son bétail, moi ! Quelqu'un a dû dire un jour que ce serait cool si désormais nous étions tous bronzés : c'est le culte que l'Homme d'aujourd'hui rend à Amon-Ra indifférent, et quand viennent les "beaux jours", il dépense son temps et répend sa crème solaire en guise d'offrande... Personne n'est obligé d'adhérer à l'esthétique du mouton à la laine roussie. Le fâcheux sera-t-il si fier de m'avoir vainement provoqué quand lui ou un de ses proches sera atteint d'un cancer de la peau quelques vingt ou trente ans plus tard, ou que sa peau commencera à se cribler de taches brunes disgracieuses ?! Sans doute n'y aura-t-il pas songé dans sa fatuité, et aura-t-il cru ainsi pouvoir m'offenser. Comme disait Timsit dans un de ses sketch : "Il y a de plus en plus de cons chaque année. Mais cette année, j'ai l'impression que les cons de l'année prochaine sont déjà là !"
Les modes sont bien arbitraires et elles ont, pour certains malheureusement, valeur de loi. Au Siècle des Lumières, une femme était d'autant plus belle que sa peau était claire... Finalement, c'était une époque où la mode était plus sage qu'elle ne l'est aujourd'hui, même si l'exposition au Soleil n'est vraiment devenue dangereuse qu'avec l'amoindrissement de la couche d'ozone.
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